Le pouvoir invisible des croyances : Comment elles nous manipulent et se renforcent

Les croyancent nous façonnent et nous manipulent

Introduction


Les croyances façonnent profondément notre vision du monde, nos comportements, nos décisions et nos interactions avec les autres. Elles peuvent être des convictions religieuses, des valeurs culturelles, des idées politiques ou des simples opinions personnelles. Cependant, bien que les croyances puissent sembler être des choix conscients et délibérés, elles sont souvent le produit d’un processus complexe et inconscient qui influence la manière dont nous percevons la réalité. Nous allons explorer ici comment nos croyances nous manipulent, comment elles se renforcent par elles-mêmes, et pourquoi il est essentiel de comprendre ce fonctionnement pour pouvoir conserver celles qui nous conviennent et changer celles qui nous déplaisent.

Vos croyances vous manipulent

Nos croyances. Ce sont en quelque sorte des filtres entre nos yeux et notre cerveau, nous amenant à une perception de l’environnement qui nous est propre et unique. Chaque individu, de part son vécu, ses expériences, se constitue un ensemble de croyances, et ainsi se forge une vision de son environnement, qui devient sa réalité. Ces croyances sont inconscientes, construites au fil du temps. Elles agissent en arrière plan et donnent une direction forte à notre vie. Il est intéressant de se pencher sur la question et de décortiquer la signification de ces croyances, pour en comprendre le message et la destination inconsciente.

Les micro-comportements induits par ces croyances sont une expression de notre être pour notre entourage, proche ou non. Cette expression est d’autant plus forte pour les personnes que nous ne connaissons pas, les micros comportements étant la seule expression qu’elles perçoivent (ensemble des comportements non verbaux et para-verbaux, avant un éventuel contact verbal). De même, Mehrabian à théorisé « l’expérience des 3 V » en 1967 à travers une expérience qui amène les résultats suivants : Un auditeur retient 7 % du verbal (mots), 38 % du paraverbal (intonation, ton de la voix) et 55 % du non-verbal (mimiques, regard, posture du corps).

Nos croyances renvoyant inconsciemment une image par notre non-verbal et notre paraverbal, cette même image est captée par les personnes constituants notre environnement, et dépeint une personne construite autour de ces croyances qui sont les notre.
C’est à dire : Si vous percevez le monde comme dangereux et hostile, vous renvoyez également cette image d’une personne méfiante et peu avenante. A l’inverse, si votre perception du monde est celle d’un univers accueillant, joyeux, l’image renvoyée aux autres personnes est celle de quelqu’un de souriant, jovial, et vers qui nous nous tournerions plus facilement que dans l’exemple précédent.
Ces croyances nous amènent aussi à porter un regard sur nous même.

Les croyances « s’auto-renforcent »

Nos croyances sont une interprétation de notre réalité, et bien que les différences de perception d’un individu à un autre soit mesuré (on s’entoure de gens qui nous ressemblent), il se peut aussi qu’elles soient très différentes.
Exemple : Vous faites tomber votre sac dans la rue. Une personne s’approche pour le ramasser. Plusieurs interprétations sont possibles, comme par exemple « Cette personne est aimable de me ramasser mon sac » ou à l’inverse « Cette personne va me voler mon sac ». Un même événement peut provoquer des réactions différentes (les événements en question sont souvent plus subtils que cet exemple).

Les croyances ont une tendance naturelle à se renforcer par elles-mêmes. Cela s’explique en partie par les biais cognitifs tels que l’effet de confirmation. Ce biais cognitif nous pousse à privilégier les informations qui confirment nos croyances existantes tout en ignorant ou en minimisant celles qui les contredisent. Par exemple, quelqu’un qui croit fermement en l’efficacité d’un traitement médical alternatif cherchera et se rappellera principalement les témoignages de réussite, tout en oubliant ou en rejetant les études scientifiques qui montrent le contraire. Cet effet de confirmation crée une sorte de cercle vicieux où les croyances deviennent de plus en plus rigides et ancrées. Plus nous sommes exposés à des informations qui confirment nos croyances, plus ces dernières se renforcent, nous rendant encore plus résistants au changement.

Les croyances se renforcent également par les interactions sociales et les structures culturelles. Par exemple, les groupes sociaux ou les communautés qui partagent les mêmes croyances tendent à se renforcer mutuellement. Le fait de se retrouver entouré de personnes partageant les mêmes idées renforce notre conviction que ces croyances sont correctes et justifiées.

Les croyances influencent les comportements, qui à leur tour, confirment les croyances. Par exemple, si vous croyez que vous êtes mauvais en mathématiques, vous serez moins enclin à vous y investir, ce qui mènera à de mauvais résultats, renforçant ainsi la croyance initiale.

Les croyances peuvent également devenir des prophéties auto-réalisatrices, où l’attente d’un certain résultat influence les comportements de manière à produire ce résultat. Par exemple, si un enseignant croit qu’un élève est brillant, il est plus susceptible de lui accorder une attention particulière, de lui donner des encouragements, et de lui offrir des opportunités d’apprentissage supplémentaires, ce qui peut effectivement améliorer les performances de l’élève. Inversement, si l’enseignant croit que l’élève est médiocre, il pourrait inconsciemment le négliger, conduisant à des performances moins bonnes, et confirmant ainsi la croyance initiale. (Voir expérience de Rosenthal et Jacobson, San Francisco, 1968).

La répétition joue un rôle crucial dans le renforcement des croyances. Les messages répétés, qu’ils proviennent des médias, des leaders d’opinion ou des proches, finissent par s’incruster dans notre esprit, même si nous étions initialement sceptiques. Ce phénomène est bien connu des publicitaires et des propagandistes, qui l’exploitent pour ancrer des idées spécifiques dans l’esprit du public.

De même, l’exposition constante à certaines croyances au sein de notre environnement social ou culturel peut les faire paraître normales et évidentes, même si elles sont basées sur des prémisses erronées. Cette normalisation des croyances peut rendre difficile leur remise en question, car elles semblent faire partie intégrante de la réalité.

Pourquoi il est important de comprendre le fonctionnement des croyances

Comprendre comment les croyances se forment et se renforcent est essentiel pour pouvoir les identifier et les remettre en question. En prenant conscience des biais cognitifs et des mécanismes sociaux qui influencent nos croyances, nous pouvons adopter une attitude plus critique et plus réflexive envers nos propres convictions. Cela ne signifie pas nécessairement que nous devons abandonner toutes nos croyances, mais plutôt que nous devons les examiner de manière objective pour déterminer si elles sont vraiment fondées ou si elles résultent simplement de l’autorenforcement.
Par exemple, nous pouvons nous poser des questions telles que : « Pourquoi est-ce que je crois cela ? », « Quelle est l’origine de cette croyance ? », « Ai-je cherché à confronter cette croyance à des points de vue différents ? ». Ces réflexions peuvent nous aider à sortir de l’automatisme de la pensée et à adopter une perspective plus nuancée et ouverte.

Certaines croyances peuvent être bénéfiques pour notre bien-être et notre développement personnel. Par exemple, croire en sa capacité à réussir peut conduire à des comportements proactifs et à des succès réels. De même, des croyances positives sur les autres peuvent favoriser des relations saines et harmonieuses. Il est donc important de reconnaître et de conserver les croyances qui nous conviennent, c’est-à-dire celles qui sont en accord avec nos valeurs, nos objectifs et notre vision du monde.
Pour conserver ces croyances, il est utile de les entretenir activement en les renforçant par des expériences positives et en les alimentant par des informations qui les soutiennent. Cependant, il est tout aussi important de rester ouvert à l’évolution de ces croyances si de nouvelles informations ou expériences viennent les remettre en question.

Certaines croyances peuvent être limitantes ou nuisibles, et il peut être nécessaire de les changer pour améliorer notre qualité de vie. Par exemple, des croyances négatives sur soi-même, telles que « Je ne suis pas digne d’être aimé » ou « Je suis incapable de réussir », peuvent avoir des effets dévastateurs sur la santé mentale et les relations. Changer ces croyances demande souvent un travail de fond, impliquant une prise de conscience de leur existence, une analyse de leur origine, et l’adoption de nouvelles croyances plus constructives.
Il existe plusieurs méthodes pour changer des croyances, telles que la thérapie cognitive-comportementale, qui vise à identifier et à restructurer les pensées négatives, ou la pratique de l’auto-suggestion positive, où l’on se répète régulièrement des affirmations positives pour remplacer les croyances négatives. L’exposition à de nouvelles expériences et perspectives peut également être un catalyseur puissant pour le changement de croyances.

Enfin, comprendre le fonctionnement des croyances nous aide à développer une flexibilité mentale, c’est-à-dire la capacité de changer nos croyances en fonction de nouvelles informations ou expériences. La flexibilité mentale est une compétence essentielle dans un monde en constante évolution, où les certitudes d’aujourd’hui peuvent devenir les incertitudes de demain.
Cultiver cette flexibilité demande un effort conscient pour rester ouvert à de nouvelles idées, à questionner les évidences, et à accepter l’incertitude comme une partie intégrante de la vie. Cela ne signifie pas abandonner toutes nos convictions, mais plutôt être prêt à les ajuster ou à les réviser lorsque cela est nécessaire.

Conclusion

Les croyances sont des éléments puissants qui façonnent notre perception de la réalité et influencent nos actions. Elles peuvent nous manipuler en renforçant nos biais cognitifs, en nous protégeant contre la dissonance cognitive, et en se renforçant par elles-mêmes. Toutefois, en comprenant comment ces mécanismes fonctionnent, nous pouvons apprendre à identifier, conserver ou changer nos croyances de manière à mieux nous aligner sur nos valeurs et nos objectifs personnels.

Il est crucial de développer une attitude critique et réflexive envers nos croyances, tout en cultivant la flexibilité mentale nécessaire pour les adapter aux nouvelles réalités et informations. En fin de compte, comprendre et maîtriser le fonctionnement de nos croyances est un pas essentiel vers une vie plus consciente, équilibrée et authentique.

Cela nous permet de faire des choix éclairés et de sortir de l’influence souvent insidieuse des croyances qui ne nous servent plus. Nous gagnons ainsi en liberté, car la maîtrise de nos croyances nous donne la possibilité de façonner notre vision du monde de manière active, plutôt que de simplement subir des schémas mentaux hérités. En adoptant cette approche, nous créons les conditions d’une transformation personnelle profonde, qui non seulement améliore notre bien-être individuel, mais enrichit également nos relations avec les autres et notre capacité à interagir avec le monde de manière plus positive et ouverte.

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